Partager la publication "Oubliez Pâques et le Ramadan, la violence d’Israël est liée à sa brutale occupation militaire"
Ibrahim Hewitt, 24 avril 2022. On fait grand cas du fait que la violence actuelle en Palestine occupée coïncide à la fois avec la Pâque juive et le mois musulman du Ramadan, comme le soulignent les images horribles de la police paramilitaire israélienne tirant des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc à l’intérieur de la mosquée Al-Aqsa, et des fidèles palestiniens ligotés en rangs sur le sol, attendant… eh bien, nous ne savons pas exactement quoi, et ils ne devaient pas non plus le savoir, sur le moment. Arrestation et détention ou libération, dans tous les cas, cela n’a pas vraiment d’importance, car la vérité pure et simple est que la violence de l’État israélien à l’encontre des Palestiniens d’Al-Aqsa pendant le Ramadan est désormais si routinière qu’elle est considérée comme allant de soi.
Les Israéliens s’en tirent en décrivant chaque Palestinien tué, blessé ou arrêté comme un « terroriste ». Un avocat tué par balle alors qu’il déposait des enfants à l’école à Naplouse cette semaine, Mohammed Assaf, 34 ans, n’était lui aussi qu’un « terroriste » de plus, selon une source médiatique israélienne. Son assassin était un soldat israélien qui a ouvert la porte de sa jeep et tiré au hasard alors qu’elle passait à toute allure ; le conducteur n’a même pas ralenti ni ne s’est arrêté. Une tuerie en voiture avec une différence : le criminel en uniforme israélien sait qu’il s’en tirera, qu’il n’y aura pas de tollé international, pas de nouvelles manifestations « Les vies des Palestiniens comptent », rien d’autre qu’un autre enterrement dans un village palestinien. La vie continuera. Ce n’était qu’un jour de plus en Palestine occupée.
Et c’est là que se trouve la cause unique et sous-jacente de la violence : la Palestine est sous une occupation militaire brutale. Nous avons tendance à l’oublier, du moins les médias et les hommes politiques sionistes occidentaux. Pour eux, il s’agit d’un « différend » sur un territoire « contesté ». Ils ont peut-être la mémoire courte, mais les faits sont connus de tous.
La tristement célèbre déclaration Balfour de 1917 ne mentionne même pas la population palestinienne indigène par son nom ; elle la décrit comme la population « non juive ». Les Palestiniens n’ont pas non plus été consultés au sujet du plan de partage des Nations unies de 1947, qui divisait leur territoire en deux : la plus grande partie était désignée comme un « État juif », le reste étant un « État arabe ». Jérusalem était censée être une ville internationale, et non la « capitale indivise » d’Israël, comme cette dernière le prétend et comme Donald Trump l’a accepté en 2018. Comme je l’ai dit, les mémoires sont courtes.
Acceptez le concept même de l’État d’Israël tel qu’il était appelé en mai 1948, et vous cautionnez le nettoyage ethnique que les milices sionistes et les gangs terroristes ont mené pour chasser plus de 750.000 Palestiniens de leurs maisons et de leurs terres. En d’autres termes, vous approuvez l’occupation de la Palestine qui a commencé en 1948 et qui n’a cessé de s’étendre depuis, avec des massacres, des bombes, des balles et des violences occasionnelles du type de celles qui ont tué Mohammed Assaf.
Israël s’en tire parce qu’il a été enhardi par l’immunité que lui accorde la communauté internationale. Par conséquent, même si les fonctionnaires de l’ONU peuvent condamner ce que fait Israël, et si l’Assemblée générale de l’ONU peut adopter résolution après résolution soulignant, par exemple, la légitimité de la résistance armée à une occupation militaire – c’est vrai, ce n’est pas du « terrorisme » – et le droit au retour pour tous les réfugiés, ces résolutions ne sont pas contraignantes pour les États membres, laissant Israël libre de faire ce qu’il veut. Si la situation s’aggrave et atteint le Conseil de sécurité des Nations unies, Israël est couvert par le veto des États-Unis, et la violence de l’État sioniste et de ses colons – tous illégaux – se poursuit sans relâche, entraînant de nombreux autres incidents du type « un jour comme les autres en Palestine occupée ».
Tant qu’il ne sera pas mis fin à l’impunité dont jouit Israël, cette situation perdurera et de nombreux autres passants innocents perdront la vie aux mains de la police et des troupes israéliennes à la gâchette facile. Souvenez-vous de cela la prochaine fois que vous lirez un article sur des « affrontements israélo-palestiniens » et que « la violence a suscité des craintes internationales de conflit, un an après que des troubles similaires aient conduit à une guerre de 11 jours entre Israël et des militants à Gaza ». Si une occupation militaire brutale n’est pas déjà un « conflit » suffisant pour avoir « suscité des craintes internationales », alors je ne sais pas ce qui l’est.
Cette phrase de l’Agence France-Presse dans le Guardian dit tout. La communauté internationale continue de fermer les yeux sur l’occupation israélienne et sur le fait qu’il s’agit d’un État belligérant, doté de l’arme nucléaire, qui s’en prend à une population en grande partie civile ; elle continue de croire qu’Israël est victime du « terrorisme » ; et elle continue d’insister sur le fait que seules de fausses « négociations de paix » et de nouvelles « concessions » de la part des Palestiniens – un euphémisme pour désigner la capitulation – mettront fin au cycle de la violence. La communauté internationale a tort. La seule façon de mettre fin à la violence est de mettre fin à l’occupation israélienne de la Palestine.
L’idéologie fondatrice d’Israël, le sionisme, insiste sur le fait que seul le « Grand Israël » conviendra, ce qui signifie prendre toujours plus de terres palestiniennes avec toujours moins de Palestiniens sur celles-ci. Les gouvernements israéliens successifs ne veulent pas d’une paix quelconque ; ils veulent une paix à leurs conditions, ce qui signifie aucun Palestinien sur la terre historique de Palestine. Quiconque croit le contraire ignore la réalité de l’épuration ethnique en cours et s’est clairement rallié au discours sioniste.
Oubliez Pâques et le Ramadan, la violence d’Israël est enracinée dans son cœur et son âme ; il s’agit de la brutale occupation militaire israélienne et de la colonisation de la Palestine.
Article original sur Middle East Monitor / Traduction MR
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