Partager la publication "Kafr Qassem reste une plaie béante tandis que les Palestiniens continuent de résister à l’occupation"
Nidal Mohammad Watad, 1er novembre 2021. Les députés de droite et de gauche du Parlement israélien, la Knesset, n’ont eu d’autre choix que de voter contre une proposition de loi présentée mercredi dernier par la députée Aida Touma-Suleiman, demandant que l’État reconnaisse publiquement sa responsabilité dans le massacre de Kafr Qasem d’octobre 1956. Ce massacre est l’une des nombreuses blessures toujours ouvertes du peuple palestinien. Il s’agit également d’un crime de guerre commis par Israël contre des civils, les fermiers du village vivant sous la loi militaire, alors que l’État d’occupation se préparait à envahir la zone du canal de Suez avec la Grande-Bretagne et la France.
Quatre-vingt-treize députés de la Knesset ont voté contre la loi proposée, non pas parce qu’ils ne veulent pas élever la classification de cet horrible massacre au rang d' »erreur » dans le récit sioniste, mais parce que les criminels ne peuvent pas avouer leurs crimes à moins qu’une force ne les y contraigne. Il s’agissait d’un massacre, rappelez-vous, résultant de ce qu’un tribunal israélien a appelé un ordre militaire « illégal ».
Les sionistes et leurs différents partis ne peuvent créer un précédent en reconnaissant la responsabilité d’Israël pour les massacres et les crimes de guerre commis par l’Etat, même ceux commis contre ses propres citoyens après la Nakba. Cela reviendrait à ouvrir la porte à la reconnaissance des autres crimes d’Israël commis par des « terroristes juifs » pendant la Nakba elle-même. C’est par le biais de ces crimes que le nettoyage ethnique du peuple de Palestine a été mené.
Le massacre de Kafr Qasem n’a pas réussi à achever le projet de nettoyage ethnique huit ans après la Nakba, même si l’intention était clairement de faire fuir les survivants par la peur. La police des frontières israélienne a encerclé le village sur trois côtés, mais a laissé le quatrième côté ouvert à l’est, ce qui a permis aux villageois d’échapper à la violence en se dirigeant vers la frontière avec la Cisjordanie gouvernée par la Jordanie.
Aux yeux des Israéliens, ce n’est pas le fait du massacre lui-même qui est horrible, mais le fait que le massacre brutal de civils rentrant chez eux et violant sans le savoir un couvre-feu imposé alors qu’ils étaient au travail n’ait pas permis d’atteindre l’objectif d’un nouveau nettoyage ethnique. C’est ce qui se passe dans les territoires occupés depuis des décennies : les Palestiniens ne se sont pas simplement rendus, mais ils continuent à résister et à être une épine dans le pied de l’État d’occupation.
Le consensus israélo-sioniste pour nier le massacre de Kafr Qasem est donc un consensus national pour nier toutes les atrocités et les crimes contre l’humanité d’Israël, qu’ils aient eu lieu avant ou après la Nakba, en Galilée et dans le Triangle ou en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Quiconque compte sur la reconnaissance volontaire par Israël de ses crimes de guerre contre les Palestiniens vit dans un rêve dont il doit se réveiller.
Article en anglais publié sur Middle East Monitor le 1er novembre 2021 / Traduction MR
Il a été publié pour la première fois en arabe sur Arab48 le 30 octobre 2021.
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