La police israélienne crée une unité paramilitaire d’infiltration chargée d’opérer exclusivement dans les villes arabes

Adalah, 1er septembre 2021. Le Centre juridique pour les droits des minorités arabes en Israël a envoyé une lettre urgente au commissaire de police israélien Kobi Shabtai et au procureur général (AG) Avichai Mandelblit, suite à l’annonce faite par la police le 31 août 2021 ; il proteste contre une nouvelle unité d’infiltration (mista’aravim) qui a été mise en place pour opérer dans les villes arabes d’Israël, soi-disant pour lutter contre le crime organisé dans ces localités.

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Cette lettre fait suite à une lettre précédente envoyée par Adalah en avril 2021, immédiatement après que les médias aient fait état de l’intention de la police de créer cette unité ; dans cette lettre, Adalah demandait au commissaire de police, au procureur général et au ministre de l’intérieur d’empêcher la création de l’unité. Adalah a alors fait valoir que la décision de créer l’unité est illégale et contraire à l’ordonnance sur la police, qui exige qu’un officier de police s’identifie avant d’utiliser ses pouvoirs, tant qu’il n’est pas en uniforme. En outre, Adalah a souligné que le fait même de diriger l’activité d’une unité pour cibler un groupe de population distinct sur la base de l’appartenance nationale est raciste et équivaut à un profilage racial, et produit illégalement deux systèmes distincts d’application de la loi : un pour les Israéliens juifs et un pour les Palestiniens. En réponse à la lettre d’Adalah, le bureau du commissaire de police a démenti en juin les rapports concernant la création de l’unité, qui a commencé à fonctionner il y a deux jours, le 31 août 2021.

Dans une lettre envoyée hier, Mysanna Morany, avocate d’Adalah, a exigé que le commissaire de police et le procureur général répondent aux arguments juridiques soulevés par Adalah contre le caractère illégal de la création d’une telle unité.

La série populaire et très controversée de la télévision israélienne et de Netflix, « Fauda », dépeint les tactiques extrêmement brutales d’une unité de mista’aravim travaillant dans le cadre des services de sécurité générale (GSS) ou Shabak, et opérant contre les Palestiniens en Cisjordanie occupée et à Gaza sous blocus.

Les mista’aravim, forces de police spéciales en civil qui se font passer pour des Palestiniens, sont souvent déployés par la police dans les villes et villages arabes d’Israël, notamment lors de manifestations.

Dans ses lettres, Adalah relevait des témoignages et des vidéos de cas où des mista’aravim font preuve d’une extrême violence à l’encontre de manifestants légitimes, citoyens palestiniens d’Israël, ainsi que lors des manifestations du 20 mai 2021, notamment à Nazareth. La lettre soulignait également les circonstances du meurtre d’un étudiant infirmier de 22 ans, Ahmad Hijazi, et de la blessure d’un autre citoyen palestinien d’Israël par des policiers en civil lors d’une opération à Tamra, une ville arabe du nord d’Israël, en février 2021.

Myssana Morany, avocate d’Adalah, a déclaré :

« La décision de mettre en place une unité d’infiltration qui a l’intention d’opérer uniquement dans les villes et villages arabes palestiniens en Israël est un acte raciste qui produit, pour les citoyens arabes, un système d’application de la loi unique et distinct de celui en place pour les citoyens israéliens juifs. Ce système spécial est fondé sur la vision du monde de la police israélienne, qui considère les Arabes comme des ennemis. Utiliser l’excuse de l’incidence élevée de la criminalité dans les villes et villages arabes pour justifier l’utilisation d’unités de police spéciales sous couverture ou l’octroi de pouvoirs au Shabak (GSS) est une mesure dangereuse qui conduira certainement à davantage de violations des droits de l’homme à l’encontre des citoyens palestiniens d’Israël, et pourrait mettre leur vie en danger. La société arabe en Israël a tiré de dures leçons de ses nombreuses rencontres avec la police, qui se sont souvent soldées par le meurtre et la blessure d’innocents, et par des vagues d’arrestations et de détentions massives par l’utilisation de forces d’infiltration (mista’aravim). »

Vidéo qui montre les violences des mista’aravim contre les Palestiniens à Umm al-Fahm le 26 février 2021.

Article original en anglais sur Adalah.org / Traduction MR pour ISM.

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