Qui sont les nouveaux membres du Parlement israélien issus du parti sioniste religieux d’extrême-droite ?

Shir Hever, 3 novembre 2022. Après la cinquième tentative en trois ans, une élection israélienne a finalement donné une victoire décisive au camp de la droite, les partis ultranationalistes étant les principaux gagnants.

Bombardements sur Gaza, dans la nuit du 3 au 4 novembre 2022.

La montée du parti du sionisme religieux, qui contribuera à sceller le retour de Benjamin Netanyahu au poste de Premier ministre, est peut-être l’élément le plus notable de l’élection de mardi.

L’alliance d’extrême-droite a été constituée à partir de plusieurs petites listes, dont Otzma Yehudit (« le pouvoir juif »), Noam, qui se bat pour les « valeurs familiales » conservatrices, l’Union nationale-Tekuma et le Foyer juif. 

Une fois tous les votes comptés, les résultats montrent que l’alliance a remporté 14 sièges sur les 120 du Parlement, la Knesset, plus que tout autre parti nationaliste religieux dans l’histoire de l’État. Il est désormais le troisième parti de la Knesset, après le Likoud de Netanyahou et le Yesh Atid (« Il y a un avenir ») de Yair Lapid. Les résultats définitifs ne seront pas certifiés avant le 9 novembre.

Les hommes politiques qui dirigent le sionisme religieux – dont quelques femmes – sont susceptibles d’occuper des postes ministériels clés dans le prochain gouvernement dirigé par Netanyahou. Voici leurs dix principaux candidats lors du vote de mardi :

1) Bezalel Smotrich

Le leader du parti, âgé de 42 ans, est un avocat et un colon. Smotrich a décrit son désir de « faire avorter » tout espoir des Palestiniens de parvenir un jour à l’égalité en « Terre d’Israël » (son terme pour toute la Palestine historique) : en les faisant partir, en les faisant vivre comme serviteurs de citoyens juifs ou en les tuant. 

Smotrich a été accusé en 2017 de conflit d’intérêts dans sa volonté d’autoriser rétroactivement la construction de colonies illégales lorsqu’il est apparu que sa propre maison avait été construite illégalement à Kdumim, sur les terres du village de Kafr Qaddoum près de Naplouse. Smotrich s’oppose aux droits des LGBTQ+ et a organisé la « Marche des bêtes » anti-gay pour se moquer de la Marche des fiertés. 

Smotrich est cofondateur de l’ONG d’extrême-droite Regavim, qu’il a également dirigée pendant ses premières années. Regavim a coordonné les bandes d’autodéfense armées qui sont descendues dans la ville de Lod – connue par les Palestiniens sous le nom de Lydd – par bus entiers lors des attaques de mai 2021 contre les Palestiniens de la ville.

Avant les élections, Smotrich a traité Benjamin Netanyahou de « menteur », mais a également déclaré qu’il rejoindrait la coalition de Netanyahou si celle-ci dépénalisait les crimes de fraude et d’abus de confiance, pour lesquels Netanyahou est actuellement en procès, offrant ainsi au vétéran de la politique une voie politiquement acceptable pour s’amnistier.

2) Itamar Ben-Gvir

Ce politicien d’extrême-droite de 46 ans a commencé son militantisme politique à l’âge de 14 ans. Il était membre du parti fasciste Kach, qui a été désigné comme une organisation terroriste en Israël et interdit en 1994. L’armée israélienne n’a pas enrôlé Ben-Gvir en raison de son ancienne appartenance à cette organisation.

Peu de temps avant l’assassinat du Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, Ben-Gvir s’est vanté d’avoir volé l’emblème de la Mercedes de Rabin et a déclaré lors d’une interview télévisée : « De la même manière que nous avons eu cet emblème, nous pouvons avoir Rabin. »

Ben-Gvir a consacré sa carrière juridique à la défense d’activistes violents d’extrême-droite. Il a lui-même déclaré que 53 accusations ont été portées contre lui, dont huit pour lesquelles il a été condamné.

Ben-Gvir avait dans son salon une photo de Baruch Goldstein, qui a assassiné 29 Palestiniens à Hébron en 1994, mais il a ensuite été contraint de l’enlever.

Après être devenu membre de la Knesset en 2021, Ben-Gvir a ouvert sa permanence parlementaire dans le quartier de Sheikh-Jarrah, à Jérusalem-Est occupée – une provocation pendant le mois sacré du Ramadan.

Il a forcé à plusieurs reprises l’entrée de la mosquée Al-Aqsa et a été filmé menaçant les Palestiniens avec son pistolet (photo ci-dessus, prise le 13 octobre 2022 dans le quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est)

3) Ofir Sofer

Cet ancien major d’infanterie de l’armée israélienne, âgé de 48 ans, a été membre de trois partis politiques israéliens différents : Likoud, Foyer Juif et Sionisme Religieux. Son principal programme politique à la Knesset a été d’augmenter le budget de la sécurité et de « judaïser » l’État d’Israël.

4) Orit Strook

La femme la plus âgée du parti du sionisme religieux, Orit Strook, 62 ans, est une colonisatrice au cœur d’Hébron occupée qui se définit comme une militante des droits de l’homme. En 2002, elle a fondé l’Organisation des droits de l’homme de Judée et Samarie, qui promeut les droits des Juifs, en particulier le droit de défendre les colons juifs de Cisjordanie occupée (et anciennement de la bande de Gaza) pour protester contre le gouvernement israélien.

À la Knesset, elle a promu la construction rapide de colonies illégales, l’annexion de terres occupées par la mise en œuvre de lois israéliennes sur un territoire tenu en état d' »occupation belligérante », et une législation visant à criminaliser le boycott des produits israéliens.

En 2014, Strook a fait partie des voix les plus fortes appelant à une attaque totale de la Cisjordanie, sur la base de fausses informations concernant l’enlèvement présumé de trois jeunes Israéliens imputé à tort au Hamas. Bien que Strook ait remporté la deuxième place aux primaires du sionisme religieux, elle a été rétrogradée à la quatrième place pour laisser la place à Ben-Gvir et Sofer.

5) Yitzhak Wasserlauf

À seulement 30 ans, Wasserlauf devrait devenir le plus j eune membre de la nouvelle Knesset. Il est le président du parti du Pouvoir juif. En plus de son activisme contre les Palestiniens, Wasserlauf promeut également la déportation des demandeurs d’asile africains non-juifs. 

6) Simha Rothman

Cet avocat de 42 ans représente le parti de l’Union nationale au sein du sionisme religieux. Il vivait dans la colonie illégale de Gush Etzion et habite maintenant dans la ville de Lod. Il a critiqué la Haute Cour israélienne et fait campagne pour affaiblir le système judiciaire. Il fait également partie du mouvement du Mont du Temple, qui prône la destruction de la mosquée al-Aqsa.

Mercredi, il a déclaré qu’il espérait que le gouvernement dirigé par Netanyahu changerait le statu quo à la mosquée, c’est-à-dire un accord qui interdit aux non-musulmans de prier sur le site. 

« Avant, il était tout à fait normal d’aller sur le Mont du Temple et de prier et soudain, ils ont commencé à persécuter les fidèles », a déclaré Rothman. « La séparation raciste sur le Mont du Temple ne fait pas partie du statu quo« .

7) Almog Cohen

Ce membre de la Knesset âgé de 35 ans est membre du parti du Pouvoir juif. Après son service militaire, Cohen a servi pendant 11 ans dans la police israélienne au sein d’une équipe SWAT [Special Weapons and Tactics, littéralement Armes et tactiques spéciales].

Cohen a récemment publié une photo de lui prise il y a neuf ans, à genoux devant trois Palestiniens de la ville de Rahat, Taleb Altouri et ses deux fils Rauf et Nidal, qui gisaient ligotés sur le sol (photo ci-dessous). Cohen a légendé la photo « Ceux qui sont en bas se souviennent de ce que j’ai fait dans l’armée » avec un émoji qui fait un clin d’œil. L’image a permis aux trois hommes d’identifier Cohen comme l’un des policiers qui les ont attaqués. Les trois hommes ont déclaré que les policiers les avaient ligotés, agressés au niveau de l’aine, uriné sur leur visage et menacés d’une « balle dans la tête ». Aucune mesure disciplinaire n’a jamais été prise à l’encontre des policiers.

En mai, Cohen a fondé un groupe d’autodéfense armé qui patrouille dans le sud d’Israël pour « lutter contre la criminalité chez les Bédouins ». Cohen a supprimé ses comptes de réseaux sociaux en août. Dans des messages précédents, il a qualifié l’unité d’enquête interne de la police de « chiens d’attaque post-nazis », a soutenu le président russe Vladimir Poutine contre l’Ukraine et a appelé à une opération contre les Bédouins dans le Naqab, qu’il a appelée « Nuit de cristal ».

8) Michal Waldiger

Avocat de 53 ans et ancien membre du conseil municipal de la ville de Gan Shmuel, entre Tel Aviv et Haïfa, Michal Waldiger travaille principalement sur la santé mentale, la toxicomanie et la promotion des valeurs conservatrices.

9) Amichai Eliyahu

Rabbin de 43 ans et membre du Pouvoir juif, sa politique est axée sur la création de puissantes organisations religieuses juives, l’opposition au métissage et l’encouragement de l’immigration juive en Palestine.

10) Zvika Fogel

Ce général de brigade d’artillerie à la retraite de 65 ans a participé aux invasions israéliennes du Liban en 1982 et 1996. Il a également été impliqué dans la répression de la première et de la deuxième Intifada et dans les bombardements israéliens de la bande de Gaza en 2008-2009 et 2012 (1). Fogel fait partie du Pouvoir juif, et son activisme politique se concentre sur l’annexion de la vallée du Jourdain occupée.

Article original en anglais sur Middle East Eye / Traduction MR

(1) En 2018, il a confirmé que lorsque des tireurs d’élite postés le long de la frontière entre Israël et Gaza tiraient sur des enfants, ils le faisaient délibérément, en suivant des ordres clairs et précis (Electronic Intifada, 22/4/2018)