Partager la publication "Le soutien de Mansour Abbas au colonialisme israélien rabaisse les Palestiniens partout dans le monde"
Ramona Wadi, 26 juillet 2022. Parmi toutes les fragmentations politiques que les Palestiniens ont connues, Mansour Abbas, leader de la Liste arabe unie et membre de la Knesset, s’est définitivement forgé sa propre niche. En rejoignant le gouvernement de coalition dirigé par l’ancien Premier ministre israélien Naftali Bennett en 2021, Abbas a fondamentalement légitimé la violence coloniale d’Israël contre les Palestiniens. Sa rhétorique est basée sur la « tolérance », comme il l’a déclaré à la chaîne israélienne Channel 12 News en mai : « Nous pensons que le processus que nous menons à l’intérieur de l’État d’Israël, de partenariat, de dialogue tolérant, fera également progresser la paix globale entre le peuple d’Israël et le peuple palestinien. »
Ce n’est pas la première fois que ce Abbas particulier suscite la colère des Palestiniens. En décembre dernier, il a fait une capitulation majeure devant le récit israélien en déclarant que « Israël est né comme un État juif… il est né comme ça et il restera comme ça. » Il a ainsi entériné la réalité coloniale d’apartheid dans laquelle les Palestiniens ont été contraints de vivre.
Hier, Israel National News a rapporté une autre déclaration grandiose et néfaste d’Abbas. « Nous, Ra’am [la Liste arabe unie des membres de la Knesset], avons réussi à renforcer et à autonomiser notre société arabe au sein d’Israël, et au final, cela profitera à la question palestinienne. » C’est une chose de prendre en considération les besoins des Palestiniens vivant en Israël – bien que cela ne signifie pas nécessairement que les réalisations politiques, sociales et économiques soient garanties – mais c’en est une autre d’approuver l’entreprise et l’identité coloniales d’Israël. Si les Palestiniens d’Israël ont peut-être un meilleur niveau de vie que ceux de Cisjordanie et de la bande de Gaza occupées, les inégalités socio-économiques et politiques sont également une réalité. Le leader de leur parti représentatif s’est aligné sur l’idéologie coloniale d’Israël. Dans la pratique, étant donné qu’Israël a la priorité pour Mansour Abbas, comment se passe l’autonomisation des Palestiniens vivant en Israël ? Plus précisément, comment Ra’am contribue-t-il à la question palestinienne alors que le compromis est la principale exigence politique pour faire partie de la coalition gouvernementale israélienne ?
Abbas peut penser qu’il ne représente que les Palestiniens vivant en Israël. Cependant, son soutien absolu au colonialisme israélien va à l’encontre de l’ensemble du récit palestinien et de ce que les Palestiniens ont essayé de réaliser depuis que l’agenda sioniste a commencé à se déployer. Les problèmes sociaux et économiques actuels ne sont pas seulement une manifestation de la réalité actuelle ; ils sont le résultat de décennies de démarches israéliennes de perfectionnennement de sa stratégie pour que la communauté internationale la normalise. Le fait qu’une telle approbation vienne d’un Palestinien vivant en Israël est un pas en arrière avilissant pour les Palestiniens du monde entier.
Même le langage d’Abbas rappelle celui utilisé par Israël, les États-Unis et la communauté internationale. L’approbation directe et l’éloge du colonialisme de peuplement israélien, qui est ensuite normalisé pour parler de problèmes plutôt que de l’importance de la décolonisation, est une tactique qui a contribué à maintenir les Palestiniens dans l’asservissement. Il est très peu probable qu’Abbas puisse apporter quelque chose de significatif à la lutte des Palestiniens pour leurs droits politiques. Au contraire, aborder les problèmes immédiats tout en rejetant le passé risque de créer davantage d’oubli. C’est un bonus supplémentaire pour Israël, bien sûr. Mais ce n’est pas le cas pour les Palestiniens, y compris ceux qui vivent en Israël, dont les problèmes sont parfois encore plus opaques parce qu’ils ne se trouvent pas en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza occupées.
Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR
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