Partager la publication "Mohammad Bakri, réalisateur palestinien de renom (Jenin, Jenin), décède à 72 ans"
Middle East Eye, 24 décembre 2025. – Le célèbre acteur et réalisateur palestinien Mohammad Bakri est décédé mercredi à l’âge de 72 ans.
Il s’est éteint dans un hôpital de Nahariya, en Israël (Palestine 48, NdT), des suites de problèmes cardiaques, selon sa famille. Son état de santé s’était dégradé ces derniers jours.
Bakri était surtout connu pour son documentaire de 2002, Jenin, Jenin, qui relate l’invasion israélienne du camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie occupée.
Le film s’appuie sur des entretiens avec des Palestiniens ayant survécu à l’offensive militaire.
L’offensive, qui a duré 11 jours, a fait 52 victimes palestiniennes, dont des femmes, des personnes âgées et des enfants, et près de 300 maisons ont été détruites par des bulldozers israéliens.
Le documentaire a suscité la polémique en Israël et a entraîné des années de poursuites judiciaires contre Bakri, notamment des tentatives répétées d’interdiction du film. En 2021, un tribunal israélien a interdit la projection de son film dans tout le pays.
Malgré les incitations à la haine et les pressions juridiques constantes, Bakri a réaffirmé à plusieurs reprises sa détermination à témoigner de l’oppression subie par le peuple palestinien auprès d’un public international grâce à son art.
En réaction à la décision de justice de 2021, il a déclaré ne rien regretter de la réalisation du film, ajoutant qu’il le referait sans hésiter s’il le pouvait.
« Je referais ce film pour dénoncer les crimes inhumains commis par l’armée d’occupation lors de son invasion du camp de réfugiés de Jénine », a-t-il affirmé.
« C’est la vérité que l’occupation refuse d’entendre car elle révèle ses crimes. »
Une carrière remarquable
Né en 1953 à Biina, en Galilée, Bakri était un citoyen palestinien d’Israël, descendant de la population palestinienne autochtone expulsée de force par les milices sionistes lors de la Nakba de 1948. Après avoir terminé ses études primaires à Biina et secondaires à Acre, il a étudié la littérature arabe et le théâtre à l’Université de Tel Aviv.
Connu pour sa profonde passion pour le jeu d’acteur, Bakri s’est produit sur les scènes du monde entier, notamment aux Pays-Bas, en Belgique, en France et au Canada.
Il a également joué dans de nombreux films, faisant ses débuts à l’écran à l’âge de 30 ans dans le rôle principal du personnage palestinien du film Hanna K. de Costa-Gavras (1983).
L’une de ses collaborations notables a été avec le cinéaste Rashid Masharawi, né à Gaza, avec lequel il a joué dans des films tels que Haïfa (1996) et L’Anniversaire de Laila (2008).
En 1998, il a réalisé son premier film, 1948, sorti à l’occasion du 50e anniversaire de la Nakba, qui relate le nettoyage ethnique des Palestiniens par des groupes sionistes pour créer l’État d’Israël.
Le film comprenait des témoignages de survivants des massacres de Deir Yassin et d’al-Dawayima, des photos d’archives et des entretiens avec des auteurs palestiniens tels que Taha Muhammad Ali et Liana Badr.
Au cours de sa carrière, Bakri a contribué à 43 œuvres en tant qu’acteur, réalisateur et producteur.
Il laisse dans le deuil son épouse, Leila, et six enfants, dont Adam, Ziad et Saleh, eux aussi acteurs.
Le documentaire de Bakri, Jenin, Jenin, est disponible sur YouTube.
Article original en anglais sur Middle East Eye / Traduction MR
