Ramona Wadi, 4 décembre 2025. L’Assemblée générale de l’ONU a adopté une nouvelle résolution non contraignante qui a peu de chances d’endiguer l’expansion coloniale d’Israël en Palestine. Toute résolution évoquant le compromis à deux États défend et cautionne le colonialisme. Exiger le retrait d’Israël des territoires occupés en 1967 ne change rien à son existence coloniale, d’autant plus que la résolution 194 de l’ONU subordonne le droit au retour aux exigences coloniales d’Israël.

1er décembre 2025. L’université islamique de Gaza a rouvert ses portes pour les cours en présentiel, accueillant des centaines d’étudiants après deux ans de fermeture en raison du génocide israélien. Source : Wafa.ps
C’est ce refus de s’attaquer au colonialisme qui rend vaines des paroles comme celles prononcées par la présidente de l’Assemblée générale, Annalena Baerbock, lorsqu’elle a rappelé que les Palestiniens sont privés d’autodétermination depuis 78 ans.
« Rappelons-nous une fois de plus que le droit à l’autodétermination et le droit humain de vivre en paix, en sécurité et dans la dignité dans son propre pays, libre de guerre, d’occupation et de violence, ne sont pas un privilège à acquérir, mais un droit à protéger », a déclaré Mme Baerbock.
En 1947, Cuba s’opposait au plan de partage car il violait le droit à l’autodétermination du peuple palestinien.
« Nous avons solennellement proclamé le principe d’autodétermination des peuples, mais nous constatons avec une grande inquiétude qu’au moment de sa mise en œuvre, nous l’oublions », avait déclaré le représentant cubain auprès de l’ONU, le Dr Ernesto Dihigo.
La chronologie de Baerbock remonte à 1947 lorsqu’elle mentionne 78 ans, mais limiter le discours à la fin de l’occupation légitime l’existence coloniale d’Israël. Ces contradictions ne servent pas le droit des Palestiniens à la libération. Or, l’ONU ne se prononce pas pour la libération de la Palestine, mais pour le compromis à deux États ou la colonisation complète de la Palestine.
Une résolution non contraignante qui soutient le discours de la communauté internationale sur la Palestine est préjudiciable au peuple palestinien. Si l’intention était réellement de « mettre fin à l’occupation », ce qui constitue le strict minimum, pourquoi l’ONU soutient-elle systématiquement le discours sécuritaire israélien ? Si l’intention de Baerbock est au moins de sensibiliser l’opinion publique au retrait militaire israélien des frontières d’avant 1967, quelle partie du discours sécuritaire d’Israël sera défendue ? L’ONU continuera-t-elle de légitimer la Nakba de 1948, fondement de l’entreprise coloniale israélienne ? Si l’on revient à 1947, date à laquelle Baerbock fait référence dans sa chronologie, l’ONU se concentrera-t-elle sur la décolonisation ?
Le colonialisme nie l’autodétermination. Pour les Palestiniens, l’autodétermination, si elle est correctement appliquée, signifierait la décolonisation et non pas simplement la fin de l’occupation militaire israélienne. Les Palestiniens ne bénéficient d’aucune intégrité territoriale. Le plan de partage de 1947 a validé le discours sioniste de la terre aride et a facilité l’élimination des populations autochtones par les colonisateurs. Aujourd’hui encore, les Palestiniens sont à peine autorisés à s’exprimer : la communauté internationale détermine leur visibilité, leur discours et leurs actions. La voix palestinienne n’est pas véritablement entendue à l’ONU ; nous n’entendons que ce que la communauté internationale souhaite que les représentants de l’Autorité palestinienne expriment. Malheureusement, l’Autorité palestinienne remplit trop bien le rôle pour lequel elle a été créée, au lieu d’utiliser cette tribune pour défendre véritablement l’autodétermination, la libération et la décolonisation. Face à tous ces éléments interdépendants, quelle est la réelle utilité d’une résolution non contraignante, se contentant de formuler des généralités, pour l’autodétermination palestinienne ?
Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR