Ramona Wadi, 19 juillet 2025.– Israël et le Fonds humanitaire pour Gaza (GHF) ont transformé la distribution d’aide en un spectacle macabre. Les statistiques devraient avoir plus de poids que les justifications du GHF : sur 875 Palestiniens tués depuis le début de l’activité des sites de distribution, 674 ont eu lieu « à proximité des sites du GHF ».

Photo Abd Elhakeem Abo Riash.

Hier, 21 Palestiniens ont été tués lors d’une bousculade dans un centre de distribution du GHF à Khan Younis. Le GHF a imputé la bousculade au Hamas, affirmant qu’elle avait été provoquée « par des éléments dans la foule, armés et affiliés au Hamas ».

Des témoins palestiniens ont cependant affirmé que des milliers de personnes s’étaient rassemblées sur le site et que les portes étaient fermées. « Les Américains ont tiré des gaz lacrymogènes sur la foule pour la disperser, ce qui a provoqué une bousculade et de nombreuses personnes sont mortes écrasées par la foule.» (VIDEO)

Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré que c’était la première fois que des Palestiniens étaient tués par suffocation et bousculade sur le site de distribution.

À quel récit la communauté internationale adhère-t-elle réellement, malgré sa crédibilité ?

Les « éléments au sein de la foule » du GHF sont vagues, mais suffisamment menaçants pour maintenir le soutien au discours sécuritaire d’Israël et prolonger le génocide à Gaza. En termes de crédibilité, cela devrait être comme négligeable, mais le GHF non seulement contribue à perpétrer le génocide, mais encourage sa poursuite.

Malgré ses critiques à l’égard du GHF, la communauté internationale n’a pas proposé d’alternatives à l’UNRWA. L’UE, par exemple, laisse largement la question de la distribution de l’aide entre les mains d’Israël. « Nous comptons sur Israël pour mettre en œuvre toutes les mesures convenues », a déclaré Kaja Kallas, chef de la diplomatie européenne, après l’annonce d’un accord avec Israël visant à ouvrir davantage de points de passage frontaliers et de voies d’acheminement de l’aide. « L’objectif n’est pas de punir Israël. L’objectif est d’améliorer réellement la situation à Gaza », a expliqué Mme Kallas.

Compte tenu de la catastrophe humanitaire actuelle à Gaza, pourquoi l’UE ne veut-elle pas punir Israël pour génocide ? Pourquoi l’UE ne cherche-t-elle pas des alternatives pour garantir la sécurité de l’acheminement de l’aide humanitaire ? Sans mesures punitives et sans obligation de rendre des comptes pour le génocide, et sans alternatives au GHF, les sites de distribution continueront de contribuer au génocide.

Pour en revenir au discours du GHF, aussi insignifiant puisse-t-il paraître au vu du nombre de victimes sur ces sites, il maintient intact le discours sécuritaire d’Israël, et l’UE ne remet pas en question ce lien, et encore moins ne s’y oppose. La situation humanitaire catastrophique n’est qu’une politique pour l’UE, et le bloc perçoit maintenant le génocide à Gaza comme une pratique courante. Comment l’UE peut-elle conceptualiser l’arrêt d’un génocide sans mesures punitives ? Comment l’UE peut-elle garantir l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza sans s’attaquer aux véritables restrictions à l’aide, que sont actuellement Israël et son génocide, et le GHF ?

Israël n’a plus besoin de répéter son discours sécuritaire comme il l’a fait au début du génocide. Le message a été complètement absorbé par ses alliés internationaux. Mais les rappels constants du GHF, comme la responsabilité des « éléments » pour les meurtres commis sur les sites de distribution ou à proximité, contribuent à maintenir la continuité et à perpétuer une prétendue raison de sa présence et des violences perpétrées contre le peuple palestinien, comme si les bombes ne suffisaient pas.

L’UE, quant à elle, contourne commodément les problèmes à résoudre, car, comme l’a déclaré Kallas, l’objectif n’est pas de punir Israël. Ne pas pénaliser le colonialisme revient à le récompenser.

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR