Joseph Aoun élu 14e président du Liban

Al Mayadeen, 9 janvier 2025. Après plus de deux ans d’impasse présidentielle suite à la fin du mandat de l’ancien président Michel Aoun, le Parlement libanais a élu le commandant en chef de l’armée Joseph Aoun comme 14e président de la République libanaise.

Joseph Aoun, le commandant de l’armée libanaise, occupe désormais la présidence, après ses prédécesseurs : Emile Lahoud, Michel Suleiman et Michel Aoun.

Sa nomination fait suite au vote des parlementaires libanais de jeudi, où ils n’ont pas réussi à obtenir la majorité des deux tiers (86 voix) nécessaire au premier tour de scrutin plus tôt dans la journée, qui est nécessaire pour qu’un candidat l’emporte.

Au second tour, ils ont réussi à élire le président après une pause de deux heures, au cours de laquelle Aoun aurait rencontré les chefs des blocs Loyauté à la Résistance et Développement et Libération pendant plus d’une heure.

Après que 71 députés ont voté pour le commandant en chef de l’armée au premier tour, il a gagné au second tour, avec 99 voix enregistrées.

Il convient de noter que les 128 députés libanais ont participé à l’élection présidentielle, en présence des ambassadeurs de plusieurs pays, notamment ceux des États-Unis, de l’Arabie saoudite, de l’Iran, du Qatar, de l’Égypte et de la Chine.

Engagement pour rétablir la confiance au Liban

Le président du Liban nouvellement élu, Joseph Aoun, s’est engagé à ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire du pays, mettant l’accent sur l’unité, la justice et la réforme institutionnelle comme piliers clés de sa présidence. S’adressant à la nation après son élection, M. Aoun a prononcé une série de déclarations décrivant sa vision de l’avenir du Liban.

« Nous sommes un peuple courageux, résilient face à l’adversité. Quelles que soient nos différences, dans les moments difficiles, nous nous unissons », a déclaré M. Aoun. « Si l’un d’entre nous tombe, nous tombons tous ».

Le président élu a promis de travailler avec un dévouement sans faille pour rétablir la confiance dans l’État libanais. « Aujourd’hui marque le début d’une nouvelle phase de l’histoire du Liban. Je m’engage à servir l’État du Liban avec intégrité », a-t-il affirmé.

M. Aoun a souligné la nécessité d’impartialité et de responsabilité dans la gouvernance, promettant : « Il n’y aura pas d’immunité pour les criminels, les individus corrompus ou les auteurs de crimes. La justice sera l’arbitre ultime ». Il s’est également engagé à respecter la constitution, déclarant : « Je m’engage à contester la constitutionnalité de toute loi qui viole la charte et à respecter la séparation des pouvoirs. »

Le président élu a également présenté des plans visant à restructurer l’administration publique et à mettre en œuvre la rotation aux postes de direction dans les différentes institutions. « Je m’engage à réformer l’administration publique et à adopter une politique de rotation pour les postes exécutifs », a-t-il déclaré.

Aoun a souligné l’importance de renforcer la souveraineté et la sécurité du Liban. « En tant que commandant en chef des forces armées, je m’engage à défendre le droit exclusif de l’État à porter des armes », a-t-il déclaré. Il a également appelé à investir dans l’armée libanaise pour lutter contre le terrorisme et prévenir l’agression israélienne. « Nous devons investir dans notre armée pour protéger nos frontières et nous protéger contre les menaces extérieures. »

Réitérant son engagement en faveur de l’indépendance du Liban, Aoun a déclaré : « Nous ne ferons aucun compromis sur la souveraineté ou l’indépendance du Liban. Notre unité est notre bouclier contre l’adversité. » Il a appelé à s’appuyer sur les forces internes plutôt que sur les puissances étrangères, affirmant : « Le temps est venu de concentrer nos efforts uniquement sur le Liban, et non sur des forces extérieures pour obtenir des avantages les uns sur les autres. »

Aoun a également plaidé pour un dialogue pragmatique avec la Syrie voisine afin de traiter des questions communes. « Nous avons l’occasion d’engager un dialogue constructif et respectueux avec la Syrie pour résoudre les préoccupations mutuelles », a-t-il déclaré. Il a souligné l’ouverture à des relations équilibrées avec l’Est et l’Ouest, fondées sur le respect mutuel.

Aoun s’est engagé à donner la priorité aux réseaux de sécurité sociale et à préserver les libertés. « Je travaillerai à renforcer les filets de sécurité sociale et à respecter la liberté de la presse et d’expression dans le cadre constitutionnel », a-t-il déclaré.

Il a conclu avec un sentiment d’urgence et de détermination, déclarant : « Il n’y a pas de temps à perdre. Mon engagement est de défendre l’intérêt public et les droits de tous les Libanais. »

Qui est le 14e président de la République libanaise ?

Joseph Aoun est le commandant en chef de l’armée libanaise depuis le 8 mars 2017, succédant au général Jean Kahwaji. Sa carrière militaire a débuté en 1983, marquant le début de son long service dans l’armée.

Il a été promu au grade de général de brigade en 2013 et a continué à gravir les échelons, atteignant le grade de général en 2017. La même année, il a été nommé commandant en chef de l’armée, dirigeant l’une des périodes les plus sensibles de l’histoire du Liban.

Le Liban a été confronté à d’importants défis sécuritaires et politiques au cours de cette période, notamment la célèbre bataille de « L’aube des faubourgs » en 2017. Dans cette opération, l’armée libanaise, en coopération avec les forces de la Résistance, a combattu les organisations terroristes aux abords des villes d’Arsal et d’al-Qaa, situées à la frontière syrienne.

Le pays a également été confronté à d’importants défis sécuritaires suite au déclenchement des manifestations du 17 octobre 2019 et à la guerre prolongée d’Israël contre le Liban en 2023, qui a duré plus de 60 jours. Ces événements ont placé de nouvelles responsabilités sur l’armée libanaise, notamment avec la signature de l’accord de cessez-le-feu.

Article original en anglais sur Al Mayadeen / Traduction MR