Expansion des colonies, génocide et paradigme à deux États

Ramona Wadi, 4 juillet 2024. Alors que le lent génocide se poursuit en Cisjordanie occupée avec l’approbation de l’Occident, le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a décrit l’adoption par le régime sioniste de 5.300 nouvelles unités de colonisation comme « contrecarrant le danger d’un État palestinien ». Dans le même temps, selon Smotrich, la légitimation de cinq avant-postes de colonies est une mesure de représailles contre les cinq pays – l’Espagne, la Slovénie, l’Irlande, l’Arménie et la Norvège – qui ont récemment reconnu un État palestinien. Israël fait de la politique comme un gamin chamailleur, mais avec des répercussions mortelles.

Une vue générale de la colonie d’Efrat à Bethléem, en Cisjordanie, le 30 mars 2024. [Wisam Hashlamoun – Agence Anadolu]

« Un État palestinien au cœur d’Israël constitue un danger existentiel », a déclaré Smotrich. Qu’en est-il du danger existentiel que représente l’entité coloniale israélienne au cœur de la Palestine ? Le danger vient d’Israël et de la création d’un État colonial dans la Palestine historique, mais la rhétorique des deux États protège désormais à la fois l’expansion des colonies et le génocide.

« Les actions unilatérales telles que l’expansion des colonies et la légalisation des avant-postes sont préjudiciables à une solution à deux États », a dit le porte-parole adjoint du Département d’État américain, Vedant Patel. Tout comme le fait de fournir des armes à Israël pour éradiquer les Palestiniens de Gaza, M. Patel, le fait de se concentrer sur l’expansion des colonies comme seule menace normalise non seulement la rhétorique habituelle sur l’annexion unilatérale et de facto du territoire palestinien par Israël, mais normalise également le silence assourdissant dans votre quartier sur le génocide.

Le paradigme des deux États, mort depuis longtemps, n’a qu’un seul rôle à jouer, celui de protéger l’entreprise coloniale israélienne.

L’Autorité palestinienne a récemment gonflé son hyperbole en incluant les mots colons et colonisation dans ses déclarations, mais ne fait rien pour se distinguer en condamnant réellement le colonialisme. Au contraire, ses déclarations restent totalement tributaires du récit colonial en omettant d’articuler le fait que le consensus international n’est pas anticolonial. Dans son style typique, l’agence de presse officielle de l’Autorité palestinienne Wafa a décrit les activités de colonisation comme reflétant « le mépris officiel israélien pour le consensus international rejetant la colonisation comme un obstacle à la solution à deux États ».

La colonisation n’est pas un obstacle au paradigme des deux États, elle est même protégée par celui-ci. La « solution » à deux États n’est pas un projet décolonial ; cela permet à Israël de conserver son caractère colonial alors que les Palestiniens sont toujours aux prises avec une perte territoriale dans le scénario hypothétique de deux États.

De plus, alors que des expressions telles que « solution à deux États » et « consensus international » continuent de circuler bien qu’elles soient dénuées de sens ; l’expansion des colonies en Cisjordanie occupée et le génocide à Gaza montrent à tous les gouvernements et institutions internationales à quel point Israël a rendu le droit international inutile.

Les déplacements forcés se produisent à Gaza et en Cisjordanie occupée à des rythmes variables, le plus rapide étant à Gaza où on estime que 1,9 millions de personnes ont été déplacées de force depuis le 7 octobre. « Nous estimons que neuf personnes sur dix dans la bande de Gaza ont été déplacées internes au moins une fois, voire dix fois malheureusement, depuis octobre », a déclaré le chef du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, Andrea de Dominique. En Cisjordanie occupée, on estime que 16.709 Palestiniens ont été déplacés depuis 2009.

Et que se passera-t-il à Gaza si Israël détermine que le Hamas a été anéanti ? Coloniser Gaza avec des colonies est une priorité pour le ministre israélien d’extrême droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir. « Ce n’est que par une présence dense de colonies juives dans tout Gaza qu’il sera possible d’empêcher la poursuite des menaces terroristes et de dissuader l’ennemi », a annoncé le groupe de pression de la Knesset qui milite en faveur d’une réinstallation coloniale dans la bande de Gaza. Seuls les partisans occidentaux d’Israël refusent de relier les points.

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR