Matteo Gladio, 13 mai 2024. Accuser les sionistes d’aujourd’hui d’être les nouveaux nazis n’est ni injuste ni propagandiste. Le credo insensé d’Hitler faisait fréquemment référence à la nécessité d’établir pour l’Allemagne nazie son « Lebensraum » ou son « espace vital » en Europe de l’Est et en Russie. Les habitants de ces terres devaient être soit anéantis, soit réduits en esclavage au service du « nouvel ordre ». Le langage du sionisme contemporain et son insistance sur la nécessité de créer « Eretz Israël » sur les terres arabes et musulmanes ne sont pas si différents, tout comme les tactiques employées pour atteindre cet objectif.
Le sionisme a l’intention de nier le fait que les Palestiniens existent. Tout le monde se souvient de la remarque de Golda Meir selon laquelle « les Palestiniens n’existent pas ». Tout comme les Arabes peuvent faire des comparaisons entre les horreurs de l’Europe occupée par les nazis et les événements d’aujourd’hui, les sionistes aiment capitaliser sur l’expérience de persécution de la diaspora juive pour trouver une justification fallacieuse à leurs crimes. Il ne s’agit pas seulement de se venger d’Auschwitz sur un peuple qui n’a jamais entendu parler de cet endroit avant la Seconde Guerre mondiale. C’est aussi que, selon la logique d’hommes comme Begin, Sharon, Gallant, Lieberman et Netanyahu, un autre « holocauste » doit être « empêché » en persécutant les Arabes en général, et les Palestiniens en particulier.
Bien entendu, il est possible de parler de chiffres et de dire que les événements d’il y a quatre-vingts ans ne peuvent être comparés à ceux d’aujourd’hui. Mais Hitler avait alors le singulier avantage de pouvoir accomplir son terrible travail en secret. Le monde ne voulait pas croire que de tels crimes pouvaient être commis. Le sionisme d’aujourd’hui doit poursuivre sa stratégie sous les feux de la publicité, et il est remarquable que ce credo, que l’ONU – avant de se transformer en une institution molle – a eu le courage de le qualifier de raciste, n’ait montré que peu de réticence ces derniers temps à poursuivre ce qui revient à une stratégie génocidaire au vu et au su de tous. La pratique du génocide varie, mais l’intention est la même. Dans le cas des Palestiniens, ils sont voués à la destruction depuis au moins une génération. En « Israël », ils ne sont que des « Arabes », leur identité leur est refusée. Dans les années 1980, à Beyrouth, ils étaient considérés comme des « terroristes » et leur patrimoine national contenu dans le Centre de Recherche Palestinien a été détruit. Le pillage et la destruction de ce centre, ainsi que de l’ensemble des infrastructures éducatives de Gaza aujourd’hui, ne sont peut-être pas comparables aux pertes humaines survenues à Sabra et Chatila dans les années 1980 ou à Khan Younis et à Gaza aujourd’hui, mais ils montrent néanmoins l’intention d’éliminer la trace d’un peuple de l’histoire, d’anéantir toute trace de sa présence passée, présente ou future.
Une équation facile
On pourrait se demander comment il est possible que les sionistes humilient cent cinquante millions de musulmans et d’Arabes, occupent la Palestine, expulsent son peuple, usurpent les territoires égyptiens, jordaniens et syriens, envahissent le Liban et tuent des dizaines de milliers de personnes. Comment les sionistes peuvent-ils ignorer toutes les résolutions de la communauté internationale qui condamnent leurs crimes et réaffirment le droit des Palestiniens au retour dans leur patrie ? Comment se fait-il que les sionistes puissent contraindre les dirigeants arabes à s’incliner devant eux, les uns après les autres, au lieu que l’inverse se produise ?
Si nous devions suivre l’opinion d’universitaires américains comme John Mearsheimer, nous penserions qu’un lobby majeur mystérieusement composé de sionistes pousse le gouvernement américain à prendre des décisions en leur faveur. Nous découvririons que – croyez-le ou non – c’est le gouvernement américain qui est la victime stupide d’un lobby habile, si magistralement capable de manipuler le gouvernement américain, ses banques et son armée, et de jeter périodiquement son peuple et ses ressources dans un guerre après l’autre contre les masses arabes et musulmanes. Pauvre Amérique ! Mais c’est loin de la réalité. Le fait est qu’« Israël » n’a que peu d’importance en comparaison du nombre, de l’équipement et des ressources des masses arabes et musulmanes, car « Israël » ne pourra jamais égaler leur potentiel.
Malgré tous les succès militaires qu’ils ont remportés, les défaites subies par les Arabes étaient d’origine étatsunienne. Les troupes, les pilotes, les destroyers, les munitions, les missiles et les systèmes électroniques US ont été responsables du revers arabe en 1967. Ce sont eux qui ont commis des crimes génocidaires contre les Arabes à Bahr Al Baqar en Égypte, en Cisjordanie, à Sabra et Chatila au Liban, à Khan Younis et à Gaza-ville aujourd’hui. Avec les armes, les avions de guerre et l’artillerie américains, toutes les capitales arabes ont été pilonnées, les villages ont été détruits et les maisons et les fermes ont été incendiées. Avec l’aide économique et militaire américaine, les sionistes ont envahi le Liban et détruit sa capitale sous les yeux du monde. Avec la même aide, ils rasent désormais Gaza. Avec le soutien américain et le veto de l’ONU, les sionistes ignorent les résolutions de la communauté internationale et les mesures disciplinaires de l’ONU contre « Israël » perdent tout leur effet. Les mains de chaque président américain dégoulinent de sang. Ils n’ont jamais mis un terme aux crimes du sionisme et ont préféré envoyer des milliers d’armes, d’avions et de navires chargés de munitions ; les mêmes munitions qui tuent et mutilent aujourd’hui des personnes de tous âges et de tous horizons à Gaza.
La question se pose alors : pourquoi l’Amérique soutient-elle résolument les sionistes ? Pourquoi un tel soutien militaire, politique et économique américain est-il fourni aux sionistes en Palestine occupée ? Parce qu’ils constituent la base avancée de l’impérialisme américain dans la région. Le sionisme est central dans l’exécution des plans de domination américains ; c’est-à-dire atteindre leurs objectifs de contrôle des destinées et des ressources, y compris le pétrole de la région arabe, tout en terrorisant et en malmenant son peuple.
Les politiques impérialistes américaines d’hégémonie et de contrôle sur le monde se sont toujours appuyées sur la formation et la mise en place de régimes fantoches et clownesques, comme ceux de l’Afrique du Sud raciste, de la Jordanie et, bien sûr, des sionistes en Palestine. Par conséquent, l’accord de coopération stratégique américano-israélien révèle la véritable nature de la politique américaine, qui considère les sionistes comme un allié existentiel, voire comme l’un des États américains. C’est particulièrement vrai aujourd’hui depuis que les Américains ont découvert que leur puissance dans le monde est en déclin et que leurs militaires sont chassés d’Afrique et pris pour cible par l’Axe de la Résistance.
Une guerre contre les pauvres
Face à une telle résurgence du génocide nazi, il existe alors une responsabilité mondiale de traiter et de vaincre le sionisme. Tant qu’ils bénéficieront d’un soutien, les sionistes pourront persister à affirmer que, d’une manière ou d’une autre, le judaïsme et le sionisme sont inséparables. Le message que les gouvernements occidentaux envoient à leurs électeurs est clair : ils ne sont pas à leurs côtés, ils sont aux côtés d’« Israël ». Ils n’écoutent pas les préoccupations des gens, ils ne leur fournissent pas d’emploi, d’assurance médicale ou les services sociaux nécessaires pour mener une vie décente. Cependant, ils sont prêts à tout pour soutenir leur entité coloniale et à tuer autant de Palestiniens que nécessaire. Soutenir le sionisme n’est ni dans l’intérêt du peuple américain ni dans l’intérêt de qui que ce soit d’autre. La guerre contre le sionisme est une guerre aux côtés des pauvres. Chaque fois que les peuples libres du monde s’opposent fermement au sionisme, ils se rendent service à eux-mêmes. Une vie meilleure pour un Palestinien est une vie meilleure pour toute l’humanité. On ne peut pas être complice de ce carnage. Nous devons nous sortir de l’effondrement moral et politique que traverse l’Occident, et la Palestine donne à l’humanité une chance d’y parvenir.
Ce qui se passe en Palestine ne concerne pas seulement la libération de la Palestine. Cette lutte est centrale pour l’avenir de l’ordre géopolitique et de l’humanité. Il s’agit certes d’une bataille militaire, mais aussi d’une lutte morale, idéologique et spirituelle, et tous ceux qui se soucient de l’avenir de cette planète, de leurs jeunes générations, ne peuvent rester les bras croisés ou garder le silence lorsqu’il s’agit de la Palestine.
Quant aux masses arabes et musulmanes, il doit être clair que c’est leur survie en tant que peuples indépendants et libres qui est en jeu. Le sionisme n’a montré aucune hésitation à porter des coups à quiconque s’élève pour le défier. Ils tirent d’abord, puis posent des questions. Ils font exploser des hôpitaux, tuent des bébés à l’intérieur, et vous expliquent ensuite pourquoi ils l’ont fait. Les Palestiniens, les Libanais, les Yéménites, les Irakiens et les Iraniens n’ont pas été et ne seront pas les seules victimes du sionisme. Le sionisme est un fléau qui souille l’humanité entière, et seule son élimination par la force rétablira les conditions historiques nécessaires au développement autonome des masses arabes et musulmanes, loin du joug de l’impérialisme américain.
Aucun moyen pacifique
Ce qu’il est important de comprendre pour les masses révolutionnaires du monde, en particulier celles arabes et musulmanes qui sont directement attaquées par les sionistes, c’est que la fin d’un tel régime en Palestine ne peut en aucun cas être obtenue par des moyens pacifiques, qu’il s’agisse d’échanges de visites ou de déclarations, campements, discours, conférences ou envoyés américains. Nous sommes également sûrs que les Nations Unies ou la Cour internationale de Justice ne pourront rien faire, et cela le restera aussi longtemps que le monde sera gouverné par les lois de la jungle impérialiste américaine, car les racistes n’auront pas établi leur présence politique par de tels moyens. Les sionistes ne sont pas venus en Palestine en vertu d’un accord, d’un visa ou de tout autre moyen que la force, et c’est seulement par la force qu’ils partiront. Eux-mêmes ont refusé les solutions pacifiques consistant à leur permettre de retourner d’où ils viennent, c’est-à-dire l’Europe et l’Amérique.
La fin de l’entité sioniste n’est pas impossible lorsque la lutte armée acquiert sa forme propre et sa vision claire selon les objectifs révolutionnaires bien définis. Pour ces raisons, l’enjeu est tel que les masses révolutionnaires et les esprits libres du monde doivent à la fois exposer le nouveau nazisme tel qu’il est et mobiliser leurs forces militaires et idéologiques pour empêcher l’holocauste qui les regarde en face. Alors que ceux qui rêvent se réveillent, et laissent les Arabes empêcher leur pétrole et leur argent d’atteindre les États-Unis. Qu’ils retirent leurs ambassadeurs de Washington et leurs énormes fonds des banques et institutions financières américaines et qu’ils expulsent ou ciblent les troupes et les espions américains sur le territoire arabe.
Autrement, l’équation ne sera pas difficile, car ils seront expulsés… et c’est déjà le cas.
Article original en anglais sur Al-Mayadeen / Traduction MR