Partager la publication "Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 40 / 14 mars"
Brigitte Challande, 14 mars 2024. Nous n’avions pas de nouvelles de Marsel depuis plus de 48h et nous commençions à être inquièt.e.s. Au matin du 14 mars, il nous a envoyé des photos et un récit.
« Une guerre contre l’enfance palestinienne », titrait Médiapart hier soir : en cinq mois, plusieurs dizaines de milliers d’enfants ont été tués ou grièvement blessés par les bombardements israéliens sur Gaza. Un massacre d’ampleur sous les yeux du monde entier.
Voilà ce que nous raconte Marsel dans une petite vidéo :
« Nous avons documenté l’histoire d’un bébé de quatre mois, seul survivant d’un massacre.
Cet enfant a été blessé et tous les membres de sa famille ont été exterminés. Il a été transporté à pied du camp de Zaytoun jusqu’ici, à Rafah, pour rejoindre son grand-père et le père de sa mère.
Aujourd’hui, nous distribuons des légumes. Hier aussi nous avons distribué des boîtes de patates douces. J’enverrai la vidéo aujourd’hui. Nous sommes situés dans la région d’Al-Mawasi entre Rafah et Al-Ikhaneos, et il n’y a ni Internet ni communication. »
Sous des photos du même type que celles envoyées par Abu Amir, commentaire de Marsel :
« Il existe également certains problèmes environnementaux, notamment les marécages d’eaux usées et l’accumulation de déchets. »
Abu Amir le 14 mars par téléphone :
« Il existe dans chaque zone de la bande de Gaza un bureau de distribution des denrées qui reçoit des marchandises et qui les revend. Le problème est que toutes les denrées ne sont pas vendues au prix réel et que beaucoup sont vendues au marché noir. »
Abu Amir essaie de tout acheter au prix réel. Pour les poulets, le prix réel est de 25 shekels (7 euros) par poulet mais ça monte à 50, voire 70 shekels au marché noir.
Pour les bonbonnes de gaz indispensables, le prix réel est de 80 shekels par bonbonne (22 euros) et ça monte à 200 shekels au marché noir. Abu Amir a besoin de 100 à 200 bonbonnes pour pouvoir nourrir les paysans et leurs familles. Il y a des papiers à remplir pour obtenir ces bonbonnes.
L’équipe médicale qui était venue dans le camp n’est pas revenue. Il y a bien un médecin dans un bâtiment voisin (là où ils cuisent la nourriture) mais pas de visite régulière. Abu Amir demande un renouvellement du passage d’un médecin.
Enfin, il cherche à s’appuyer sur des associations solides. Ils ont pu construire un troisième bloc de sanitaires (WC-douches).
Un résumé des derniers développements sur le terrain dans les dernières heures du troisième jour du Ramadan
L’occupant israélien continue d’intensifier ses attaques contre la bande de Gaza alors que le mois de Ramadan entre dans son troisième jour, sachant que le mois de Ramadan est un mois sacré et un mois de culte pour les musulmans en général et pour les habitants de la bande de Gaza en particulier. Mais l’occupant n’a aucun respect pour ces rituels, qui sont pratiqués par plus d’un milliard de musulmans, et ceci au mépris du droit international.
5 martyrs et blessés suite au bombardement par l’occupant du siège de distribution de l’aide de l’UNRWA, « L’entrepôt », dans le centre de Rafah.
Deux martyrs et un blessé dans un bombardement israélien qui a visé une voiture civile à proximité de la salle du Palais de la Reine à Khirbet Al-Adas à Rafah, au sud de la bande de Gaza. Les deux martyrs sont Nidal Musa Sheikh Al-Eid (Al-Zamili) et Muhammad Abu Hassoun.
Le corps du martyr Ali Khalil Ahmed Obaid, 48 ans, a été transféré de la ville de Hamad dans le gouvernorat de Khan Yunis à l’hôpital Al-Najjar à Rafah.
Les corps de 17 martyrs ont été transférés ce matin depuis la ville de Hamad au Nord-Ouest de Khan Yunis jusqu’à l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa à Deir Al-Balah après un attaque ciblée effectuée par l’occupant.
L’occupant tire des bombes fumigènes à l’est de Jabalia, au nord de la bande de Gaza.
Destruction des panneaux solaires au-dessus de l’hôpital baptiste de Gaza.
Un troisième véhicule civil a été ciblé aujourd’hui à Rafah. Il y a plusieurs martyrs et blessés.
21 martyrs sont arrivés au complexe médical Al-Shifa depuis ce matin en raison des bombardements de l’occupant sur les maisons des citoyens dans la ville de Gaza.
Concernant l’aide internationale
Un site d’information israélien a rapporté qu’avec la coopération de 80 pays, 100 camions transportant 2.000 tonnes d’aide sont acheminés aujourd’hui dans la bande de Gaza par le point de passage de Rafah.
L’armée jordanienne a annoncé qu’elle avait effectué 7 nouveaux débarquements d’aide humanitaire dans le nord de la bande de Gaza aujourd’hui, avec la participation de l’Égypte, des États-Unis et de la Belgique.
Les organisations internationales présentes à Gaza ont indiqué que les largages d’aide humanitaire ne répondaient pas aux besoins de la bande de Gaza et ne permettaient pas de nourrir et de soigner 2,3 millions de personnes vivant dans une situation catastrophique. Ces organisations internationales signalent que certains des pays qui ont effectué des largages d’aide fournissent également des armes à Israël, et qu’ils doivent cesser et imposer un cessez-le-feu immédiat et acheminer l’aide sans restrictions.
Le journal israélien Haaretz a rapporté que de nombreuses déclarations internationales condamnant les actions honteuses de l’occupant ont commencé à apparaître récemment. La position la plus claire est celle de l’Afrique du Sud, qui a déclaré par l’intermédiaire de son Ministre des Affaires Étrangères : « Nous arrêterons nos citoyens qui servent dans l’armée israélienne à leur retour en Afrique du Sud ».
Un fonctionnaire américain a déclaré que l’opération militaire israélienne à Rafah conduirait probablement les États-Unis à autoriser le dépôt d’une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu immédiat, ce qui signifierait un changement de la position américaine à l’égard d’Israël sur le plan international.
Récit d’une américaine vivant à Gaza
« Je ne veux pas qu’ils prennent la Palestine ». C’est le message d’une Américaine, Debra Drole, vqui a été blessée par un bombardement israélien à Gaza.
"If I were to go outside I would be like a Munafiq (hypocrite)…They want everyone to leave, that's why I stayed."
Deborah, an American woman living in Deir Al Balah, Gaza, was wounded in an Israeli strike on her house.
Credit: Hani Abu Rizq pic.twitter.com/UchPjFyXu1
— Quds News Network (@QudsNen) March 12, 2024
Une citoyenne américaine de 65 ans vivant dans la bande de Gaza a été sauvée dans les décombres de sa maison détruite par l’occupant israélien dans la ville de Deir al-Balah, au centre de la bande de Gaza.
Elle souffre de blessures dans diverses parties de son corps et de blessures au visage à la suite du bombardement qui a détruit sa maison. Les ambulanciers et les habitants du quartier ont pu l’extraire des décombres. Elle a été transportée à l’hôpital et a indiqué en pleurant qu’elle essayait d’appeler à l’aide en arabe parce que les ambulanciers ne comprenaient probablement pas son anglais.
Lors de son sauvetage, Debra a envoyé un message disant qu’elle refuse de quitter la bande de Gaza car elle n’a pas l’intention d’abandonner la Palestine à l’occupant israélien.
« En tant qu’Américaine vivant à Gaza, je crois que tous les Arabes devraient être ici pour aider, comme j’y suis maintenant. L’occupant veut que tout le monde parte. Je reste parce que je ne veux pas qu’ils prennent la Palestine. »
Sur la construction du port (Abu Amir)
Quant au corridor maritime qui doit être établi au centre de la bande de Gaza sous le prétexte d’apporter de l’aide, il y a plein de camions qui attendent la coordination de l’occupant pour entrer et commencer la construction du port. Les choses sont encore mystérieuses et aucune information n’est publiée à ce sujet, mais bientôt le brouillard se dissipera et la vision deviendra claire. Voici les photos que j’ai prises ce matin.
Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :
*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.
*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se concacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.
Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.
1ère partie des témoignages : du 20.11 au 15.12. 2ème partie : du 18 au 27.12. 3ème partie : du 30.12.2023 au 01.01.2024. 4ème partie : les 3 et 4 janvier. 5ème partie : les 7 et 8.01. 6ème partie : les 9 et 10 janvier. 7ème partie : du 11 au 15 janvier. 8ème partie : du 16 au 18 janvier. 9ème partie : nouveaux récits, du 16 au 18 janvier. 10ème partie : les 18 et 19 janvier. 11ème partie : les 19 et 20 janvier. 12ème partie : les 21 et 22 janvier. 13ème partie : 22 janvier. 14ème partie : 23-24 janvier. 15ème partie : 25 et 26 janvier. 16ème partie : 25 au 27 janvier. 17ème partie : 28 janvier. 18ème partie : 29 et 30 janvier. 19ème partie : 30.1 et 2.2. 20ème partie : 3 au 6 février. 21ème partie : 7 et 8 février. 22ème partie : 8 février. 23ème partie : 10 au 12 février. 24ème partie : 13 et 14 février. 25ème partie : 16 février. 26ème partie : du 17 au 19 février. 27ème partie : 20-21 février. 28ème partie : 23 février. 29ème partie : 24-26 février. 30ème partie : 26-29 février. 31ème partie : 29 février/1er mars. 32ème partie : 1-2 mars. 33ème partie : 3-4 mars. 34ème partie : 4 mars. 35ème partie : 5 mars. 36ème partie : 6-7 mars. 37ème partie : 8-9 mars. 38ème partie : 10-11 mars 2024. 39ème partie : 13 mars.
Pour participer à la collecte "Urgence Guerre à Gaza" : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFP; Altermidi.org